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 Carnet de Route

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So

So


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MessageSujet: Carnet de Route   Carnet de Route EmptySam 13 Mar - 15:56

Maraya observait par la fenêtre de l'auberge, les alentours de la ville où elle s'était arrêtée.

Il est loin, déjà, le campement où j'avais élu domicile près de ce village en ruine, gardé par des servants de Heaum. Le navire qui me déposa sur la côte, près de ce port dévasté, me semble plus lointain encore. Ce que le temps a passé vite.
Je revois encore le paysage de désolation qui m'accueillit, la bourgade au bord de la mer, paysage macabre d'après guerre. Les habitants s'escrimant à retrouver ce qu'il reste de leurs maigres possession après la bataille qui fit rage en ces lieux, la milice s'épuisant à préserver l'ordre. Mais que peut bien signifier "l'ordre" dans ce chaos ambiant?
Moi qui cherchais une terre d'exil, peut-être devrais-je estimer avoir été servie par le destin. Je ne pus m'empêcher de penser à ceux qui avaient désespérément défendu leurs terres. J'interrogeai quelques personnes, quelques miliciens... et décidai de dédier une oeuvre à cette cité. D'après ce que j'ai compris, l'ennemi fut vaincu. Les combattants méritent que l'on s'en souvienne.


Surprenant le passage d'une patrouille, les gardes effrayants dans leurs armures noires, la jeune fille à la peau mate laissa échapper un long soupir.

A la base, je m'installai au pied de ce village en ruine, sur un versan de ce que les habitants de la région appellent "les monts haut vent", trouvant facilement de quoi me fabriquer un abris de fortune... Mieux valait la compagnie des Heaumites que des ruines.
Je m'attelai à copier soigneusement les informations des survivants de la bataille, afin de composer mon chant...
Et puis...
J'aperçu cet homme. Des gens l'appelèrent "chevalier", j'entendis mentionner "Lomidar". On m'avait vaguement parlé de cette cité, gouvernée par les Bainites. Ce "Chevalier Marlan" était donc un homme du Duc à la botte des Bainites. Je pris alors peur, me rappelant mon maître... je le suivai discrètement alors qu'il s'entretenait à l'écart avec un Milicien. Je failli d'ailleurs m'attirer des ennuis; je n'ai jamais été douée pour écouter les gens en douce. Heureusement, je filai... et le milicien me donna un avertissement que je compte bien tenir en compte!
Ce que j'ai eu peur, je me voyais déjà arrêtée. Mais, visiblement, mes promesses l'ont convaincu, ou alors le fait que j'obtempère en déguerpissant lui aura-t-il suffit. De toute manière, je ne pus surprendre grand chose sur les motivations de ce chevalier.


Un nouveau buvard sur la page. La jeune barde prit quelques secondes de répis, caressant distraitement le bois du violon posé sur le bureau. Cet instrument devrait plus plaire à la noblesse Lomidarienne que le Luth qu'elle avait choisi pour le chant en l'honneur des combattants Embriens. Revenant à son journal, Maraya saisit à nouveau sa plume.

Je tentai d'oublier tout cela, mais la présence d'un Bainite en ville m'inquiéta. Ma curiosité maladive a fait le reste... j'ai fini par me rendre sur place, tout en continuant à composer mon chant, pour en avoir le coeur net!
Ô sombre cité, toute en hautes murailles infranchissables, ô prêtres et guerriers effrayant grouillant en plein jour, tels autant de menaces, autant de frayeurs, autant de haines. Pourquoi n'ais-je fui? Aujourd'hui l'étau se resserre. Combien de temps faudra-t-il pour que quelqu'un, ici, remarque les fers que je n'ai réussi à ôter de mes poignets? Que se passera-t-il alors?
Pourquoi est-ce que je ne prends pas les jambes à mon cou?
Pourquoi ais-je accepté de jouer à l'auberge, de discuter avec cet homme, d'accepter son offre d'enseignement?
La magie que déchainent mes notes doit être maitrisée, mes émotions, et... je ne sais si je rencontrerai beaucoup de gens capables de me comprendre... alors un maître barde, c'est impensable! Je ne puis que m'accrocher à cette bouée, même si je ne sais combien de temps elle me soutiendra. Je ne parviens à cerner cet homme. Inquiétant, mystérieux, mais en même temps si sage, si... intriguant.
Moi qui voulais lui offrir le même destin qu'à mon maître... pourquoi ais-je reculé?

Peut-être est-il heureux que je l'aie fait, aurais-je eu la moindre chance?

Toujours est-il qu'il m'aida à comprendre un peu mieux mes capacités. Très différentes des siennes... mais Casorn n'a jamais vraiment pris le temps de m'expliquer ce qu'il se passait en moi. Je commence à penser que les chants, les pièces qu'il m'a enseignées n'étaient pas... ordinaires. Que la façon dont il m'a enseigné à tirer les sons, que ce soit de ma voix ou des instruments, avait un but précis, sans que je ne le saches vraiment.
C'est tellement frustrant.

En attendant, je compose, je joue... et j'attends sous les conseils de Marlan d'attirer l'attention de la noblesse.
Pourquoi est-ce que je me précipite vers ma plus grande crainte comme cela? J'ai une idée en tête, mais je ne pense pas avoir la force de l'accomplir.
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MessageSujet: Re: Carnet de Route   Carnet de Route EmptyMar 16 Mar - 2:56

Marlan...
Cet homme est une énigme pour moi, autant que la confiance que je lui accorde, au moins égale à la haine que je voue à son allégeance à Lomidar.
Pourquoi... pourquoi tant de questions sur cet homme qui, somme toute, demeure attachant.
Je ne le crains pas, lui si impitoyable dans les affaires de Lomidar, lui qui me protège et m'aide tant dans mes progrès. Il trouve toujours les mots...
Entre deux voyages, cet homme, que je nomme "Seigneur" en public, est devenu un point de chute. Autant j'aime voyager, autant j'aime savoir qu'il y a quelqu'un vers qui je peux retourner.
Errant au sein de ce nid de serpents, de luttes politiques, d'alliance éphémères et de mort permanente, je trouve ironique que mon refuge soit issus de ma plus grande haine.
Et pourtant, ou que je le rencontre, je souris en apercevant mon mentor.

Beaucoup de travail m'est demandé présentement.
J'aime à observer, neutre, tentant d'être objective, alors que toutes ces horreurs me touchent profondément. Car éloigner mes émotion des faits que je rassemble m'aide à entrevoir la vérité.

La vérité...
Je me présente comme la recherchant avant tout.
Une vérité cruelle à vrai dire!
De femmes enceintes mourant arme à la main pour mourir dans l'honneur et non cachée, périssant par la faim... des rumeurs, ragots, salissant le sang des braves... des querelles éclatées pour une simple bannière...


La jeune fille pose sa plume pour éponger l'encre d'un buvard, passant à la page suivante.

Doux rêve d'une enfant
Qui s'éveille et court les chemins
Ou s'évapore l'illusion du bien
Vers le firmament

Doux espoirs d'une musique
Perçant les ironies
Noyant les vilénies
Piétinée par ces cliques

Douces désillusions
Ou les bienfaits s'évadent
D'un monde triste et fade
De douteuses intentions

Douce route de terre
Ou les idées s'éclaircissent
Sur cette étrange lice
De ragots et langues fières

Tant de choses se mêlent
Récits d'actions épiques
Querelles pathétiques
Aucune vraiment belle


Pensive, la barde laisse sécher l'encre, abandonnant son journal pour un instrument étrangement dissonant... hésitant à le choisir plutôt qu'un luth plus classique pour entonner son nouveau chant.
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MessageSujet: Re: Carnet de Route   Carnet de Route EmptyMer 17 Mar - 4:11

Dans son campement, près de haute brise, la jeune fille, les émotions en bataille, écrivait à la lueur du feu. Tant de choses c'étaient passées, riches en émotions.

Mes écrits avancent, j'ai pu recueillir tant de témoignages. Des elfes sages ouverts au savoir, aux Célestiens proches de la triade, des Lomidariens avides de gloire et des rudes Embriens. Tout cela commence à prendre forme dans mon esprit. Leurs qualités à tous et les choses qui ont fait que cela dégénère.
Il est difficile d'être neutre. Difficile d'être objectif, de démêler les faits des rancoeurs, mais chaque peuple, a sa manière a eu quelque chose touchant mon âme, malgré leurs défauts. J'acquière pour ces gens, dépassant mon dégout pour ces querelles, que je ne parviens pas à comprendre, pour des idéaux, qui me dépassent et auxquels je ne crois pas, un profond respect.
Ils sont tous si intenses, si Vivants, si emplis de convictions.

Aucun ne m'a fermé ses portes, a moi, si jeune, évoluant au milieu d'eux.
Des gens si différents!


Maraya, s'autorisa un sourire, perdant son regard sur ses notes et ses croquis.

Marlan, mon professeur, le sévère chevalier, impitoyable et pourtant enseignant déterminé et attentif.
Le couple de l'intendante et du général elfes, qui m'ont offert leur témoignage sans arrière pensée.
La dame Di Manzini taisant ses rancoeurs pour m'offrir des faits le plus platement possible.
Le paladin Krys, humble et courtois dans son devoir.
Le Capitaine Thuringen, guerrier si intense, dévoué aux siens, pourtant si décrié.
Le sire de Noirbois qui perdit des amis, un homme si bon.

Tous demeurent un mystère pour moi.

Sauf peut-être Nua Donblas. Le seul qui se livra vraiment. J'ai failli le haïr, lui qui se ment à lui-même, se disant sans coeur, ânonnant son dogme, répétant des phrases comme dictées par l'habitude. Et pourtant, un être tellement empli de compassion.
Nua Donblas, un être au grand coeur, meurtri.

Il m'a tant appris. Nous avons partagé le Nuaoaé. Mère m'avait dit, dans ma tendre enfance, que je trouverais bien des Nuaoaé dans ma vie, qu'ils me seraient précieux, dépassant les liens du sang. N'ayant plus de lien de sang à célébrer ils ont en effet dépassé ce concept.
L'ironie du sort voulu que ce soit auprès l'un des êtres que je redoutais le plus que j'ai trouvé le premier de mon existence. Je craignais Tyr, je craignais la Justice, mais Nua Donblas me prouva que j'avais tort. Il m'offrit un précieux gage de confiance, à moi qui ne suis qu'une enfant à ses yeux. Je tâcherai de comprendre cet homme et de l'aider, tel se doit d'être le Nuaoaé; donner et recevoir, partager et comprendre.
Deux personnes ont à présent acquis ma confiance, deux personnes aux antipodes. Je ne me bercerai jamais dans l'espoir de les réunir, étant donné leurs différences et leurs allégeances. Pourtant il m'est doux de penser à ces points de chute. La gloire à Lomidar, la paix à Célestia.


Le barde posa un buvard sur la page, laissant sécher le livre et s'endormit au coin du feu, sourire aux lèvres, un poids en main sur l'âme.
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MessageSujet: Re: Carnet de Route   Carnet de Route EmptyMer 17 Mar - 15:21

Pour Nua

Un sentiment innocent
Me surpris, pour nommer Nua
Dès que le voile de haine tomba
De tes étranges cheveux blancs

J'ai nommé nuaoaé
Donne, reçoit, respect, amitié
Coeur et âme appaisés
Je m'y suis noyée

Un honneur tellement précieux
Me fut donné par Nua
Dès que toi aussi m'accorda
Ce partage au delà de nos yeux

J'ai nommé nuaoaé
Donne, reçoit, respect, amitié
Coeur et âme appaisés
Je m'y suis noyée

J'ai pu te rencontrer, Nua
Pour la première fois de ma vie
Un lien plus que de sang qui vis
Un échange sacré avec toi


Dernière édition par So le Mer 17 Mar - 18:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Carnet de Route   Carnet de Route EmptyMer 17 Mar - 18:25

Marlan

Toi qui entre deux âges
Semble tellement impitoyable
Autour de toi, le peuple friable
Te voit fermer ses pages

Un sombre Chevalier
Dont la voix sonne le glas
Qui ne saurait plier
En Lomidar, nul te défiera

Toi qui pourtant patient
Prend le temps d'enseigner
A une jeune effrontée
Je te vois tellement grand

Un mentor attentionné
Dont la voix m'inspire
Qui ne saurait céder
Tu m'offre un avenir

Toi, au milieu de ta route
S'arrêta sur l'étincelle
Sans cette volonté cruelle
De me mettre en déroute

L'expression de mes haines
Dont tu ne prend ombrage
Qui ne saurait même
Si je semblais orage

Toi, tel un père, un ami
Malgré ce que je hais en toi
En mon mentor je garde la foi
Heureuse de n'avoir fui


Dernière édition par So le Jeu 18 Mar - 3:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Carnet de Route   Carnet de Route EmptyMer 17 Mar - 21:37

C'est les larmes aux yeux que la jeune fille se pencha sur son journal, dans sa chambre à l'auberge de la grande bleue. Mais avec aussi un sourire empli d'espoir aux lèvres. La plume courait sur le parchemin, vive et nerveuse, traçant chaque mot avec l'impatience de noter le suivant.

J'ai lu les pages qu'il m'a offertes, en toute confiance. Et je découvre le coeur à nu, de Nua. Chose terrible que d'avoir aimé un être obscur, d'avoir du mettre fin à ses jours. Si cela avait été moi, je pense que j'aurais sombré avec l'être aimé. Je ne suis pas aussi forte. Mais il semble bien seul à présent cet homme.
Je sais ce que c'est de réprimer une partie de soi-même, que d'y être obligé. Je sais aussi ce que c'est d'être seule.
Ah, nuaoaé veut aussi dire soutient. Je ne te laisserai pas seul. J'ai tant à apprendre de toi, autant que j'aimerais t'apporter, Nua. Mon ami aux cheveux blancs. Tu me dis que je ressemblait tant à un jeune demi elfe, en parlant de toi-même. Si je te ressemble tellement, peut-être pourrais-je t'aider, car je te sais un grand coeur, un coeur qui ne demande qu'à parler.
Il serait tellement magnifique, le justicier, si il avait en plus la fougue!
Et je chanterai tes épopées, chacune de tes aventures, en souriant de ta bonté, de celle que j'aimerais observer chaque jour. Et pourtant, je retourne en Lomidar pour me rappeler la gloire de la noirceur, car elle aussi possède sa vérité.
La vérité, en fait, c'est celle qui te régis, Nua, qui me plais le plus, de toutes celles que j'affronte depuis que je parcours la région! Pourras-tu accepter que je trouve en toute chose de la valeur? Que celle, historique, des actes de tes ennemis m'importent autant que les tiens? Et eux, sauront-ils accepter que j'admire la force du bien autant que j'accepte l'importance, bien que terrifiante, de leurs faits?
Serais-je forcée de prendre parti un jour, au lieu de demeurer le témoin que je souhaite être? J'aimerais poser cette question à Marlan, autant qu'à Nua.


Posant un buvard sur la page, la jeune fille répéta l'air qu'elle jouait déjà au sein des ruines de Port Embria, avec passion, le souffle couplé avec la mélodie nerveuse et pleine de courage. Car elle se rendait compte, à présent, qu'il lui en faudrait peut-être autant qu'aux guerriers de Port Embria pour demeurer le témoin qu'elle souhaitait être!