Aux portes de l'enferIl suffit d'un atome pour troubler l'oeil de l'esprit. (William Shakespeare Extrait de Hamlet)
C'est à ce moment là... A ce moment précis... Que la faille se révéla... Et que tout fût scellé.
Gisant au sol, le corps de la jeune femme saigne abondamment, ses os brisés, ses plaies béantes, dans un abime de douleur.
Réaction lacrymale, coulent les larmes de la souffrance et la rage de l'impuissance, paralysée.
Elle veut lutter avec ce corps fragile, mais il l'abandonne, terrible leçon du physique sur l'esprit.
Un esprit déterminé, engoncé dans un carcan érigé par des années d'études militaires.
Tout est supportable, tant qu'elle le voit se battre, même cette déchirure atroce par où sa vie s'enfuit.
C'est alors que le temps semble se ralentir à travers ses yeux humides.
Le chaman pousse une sorte de cri incompréhensible.
Le ciel semble répondre à l'appel de cette bête immonde qui a déjà volé tant de vies.
Elle a déjà les yeux levés, voyant l'ombre sur elle, un craquement terrible fendant les airs, le trait de foudre jaillissant vers elle.
La puissance de la nature est sans appel et cet être semble la maîtriser.
Elle regarde la lumière cruelle foncer sur elle.
Peut-être est-ce son imagination, mais il lui semble entendre quelque chose.
Un bouillon de sang la fait tousser, vrillant sa chair d'une douleur affreuse.
Elle tourne la tête, cela semble si long, si difficile.
Elle le voit, ses lèvres se tordant dans un cri alors que son corps puise dans ses dernières forces pour se propulser.
Elle sait que son armure est aussi lourde que la sienne.
Il serait impossible de s'élancer ainsi sans la volonté du désespoir.
La lumière approche... Le corps semble suspendu dans l'air pendant une seconde... Puis une souffrance plus atroce encore quand le choc des armures se fait.
Tout devient blanc et ses yeux ne distinguent plus rien.
Le bruit est assourdissant, un bourdonnement dans ses oreilles.
Elle se sent écrasée, paniquée, sa gorge incapable d'hurler.
Il y a l'ombre d'un autre cri, puis un silence de mort.
La lumière s'estompe et alors elle voit et comprend.
C'est à ce moment là, oui, à ce moment exact que le miroir s'est brisé.