Lestinguen, trappes et pièges depuis 1105 CV
Il y a pas à dire, une affaire familiale de plus de deux siècles, c'est la grande classe... Cet écriteau à de la gueule. J'ai passé mon enfance à apprendre le métier de marchand, et d'ouvrier pour ses petits mécanismes complexes. La famille fabrique de quoi faire sauter des gens, ou de leur balancer des litres d'acide au visage. C'est mal? Non. On ne fait que vendre, on n'oblige pas non plus les gens à utiliser nos pièges. La plupart s'en servent pour les gobelins, d'autres à des fins moins nobles... Mais au final, on n'en a rien à faire. Ce monde est violent, les gens cherchent de quoi se faire sauter mutuellement, il est donc tout à fait naturel que d'autres se fassent des ronds pour leur procurer ce "quoi".
Pas de chance pour moi, je ne suis pas l'aîné des Lestinguen. Et mon grand frère n'a qu'un an de plus que moi (Et de toute façon je m'en fou, c'est son gamin qui héritera de l'affaire, pas bibi). Le diable des affaires m'a saisi et m'a rapidement fait comprendre un truc : c'est pas en restant simple ouvrier que j'aurais de l'oseille et donc la gloire et les femmes qui vont avec (parait même que plus on est riche, plus elles sont belles et chaudes, j'ai hâte de vérifier ca - mais naturellement, je ne gaspillerais pas tout mon pognon pour ses idiotes).
Où je vis, ou suis je né? Eauprofonde bien sûr. Pour le commerce, cette cité est géniale. Bref, jusqu'à mes vingts ans, j'ai travaillé comme ouvrier dans la famille. Après quoi je me suis lancé dans des affaires à mon propre compte. Partout ou il y avait un coup à se faire du blé, j'étais là. Parfois je suis forcé de bosser moi même, parfois je fais bosser d'autres et je gagne de l'argent sur leur dos (Et ils me sont reconnaissants en plus, car sans moi l'employeur n'aurait pas lâché autant d'oseille pour nous payer). Quand les gens ont besoin d'un truc, j'apparais comme par magie avec des ouvriers pour les aider. Les bons plans, j'en vois partout : les gens appellent ces héros qui massacrent des bestioles par centaines des aventuriers. Moi, j'appelle ces types une "source potentielle de revenus".
C'est si simple de dire "tiens, y a un travail pour toi là, je te mets sur le coup et on se partage ca...". Quand je pense que certains débiles vont jusqu'à accepter de faire du cinquante/cinquante alors que moi, je ne fais que pointer du doigt et eux ils foncent dans le lard, risquent leur vie et finissent bien souvent au temple pour se faire soigner.
La ruse et le culot, c'est la clef de la richesse.
Même si je le dis à tout le monde, que je cries mes méthodes sur tous les toits, les gens se feront tout de même entuber. Pis, ils croiront avoir compris mon jeu et je réduirais mes prix : comme ce malin à qui j'ai refilé cette amulette pour 100 pièces au lieu des 200 cents annoncés à la base... Alors qu'elle n'en vaut que 50. Les prix changent en fonction de milles facteurs, qu'ils soient pertinents ou pas, justes ou pas, inventés ou pas.
J'ai travaillé quatre ans ainsi et j'ai pris deux ans de repos à vivre sur l'or amassé (et pas une vie de roturier, croyez moi). J'ai presque plus rien mais j'ai flairé un très bon coup : Everneige, un nouveau continent. Qui dit nouveau dit qu'il n'y a rien ou presque. S'il n'y a rien, tout est rare. Or, la loi de l'offre et de la demande, cette très chère loi est claire : qui dit rare dit cher, très cher... Et tout de même des fous pour acheter à ce prix là.
Quelques courriers échangés (ehh oui, mon père à le bras long, faut savoir qu'il a un ancien ouvrier dans cette guilde là...), et je ne suis même pas parti que je suis embauché:
Adorian Lestinguen, membre de la guilde des Architectes d'Everneige.
C'est pas la classe? Bon, je vais afficher ca sur le port. Aux filles qui liront ca : attendez mon retour, moi qui suis beau, intelligent et modeste, je tâcherais en plus de revenir riche comme la mer!