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 Maraya, le vent de l'été bg validé

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So

So


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MessageSujet: Maraya, le vent de l'été bg validé   Maraya, le vent de l'été bg validé EmptyJeu 11 Mar - 19:29

Maraya


Maraya, le vent de l'été bg validé Zap10


Sexe : oui beaucoup! Féminin.
Age : 15 ans
Taille : 1m65
Corpulence : Athlétique
Classe : Barde
Alignement : Neutre strict
Race : Humaine


Description physique :

Jeune femme à la peau mate, et aux cheveux et aux yeux sombres. Assez petite, elle possède cependant cependant un certain charisme et une voix sachant s'imposer, si seulement elle s'en donne la peine. Une démarche assez souple sur une silhouette athlétique, formée déjà. un petit bout de femme épanoui, du moins physiquement.

Caractère :

Assez craintive, facilement impressionnable, la jeune fille n'a pas assez confiance en elle, sentiment renforcé par ses pouvoirs naissants qu'elle ne maîtrise pas encore. Elle possède cependant une volonté farouche d'apprendre et d'aller de l'avant. Naïve, éprise de voyages et de liberté. Une soif d'apprendre insatiable, une curiosité sans bornes et d'irrépressibles envie de chanter achèvent le tableau mental.


Château Zenthil.


Aussi loin que je me souvienne
Dans mes rêves
J'ai toujours eu des ailes
Aussi loin que je me souvienne
Dans ma vie
J'ai toujours eu des chaines
Des ailes pour me ramener chez moi
Par des images qui s'imposent
Me transportant loin de cette cage
Des Chaines pour me garder ci-bas
Par leur poids qui s'interpose
Coupant court mon bel envol

Aussi loin que je me souvienne
J'ai eu une mère
Aimante, protectrice, attentionnée, passionnée
Aussi loin que je me souvienne
J'ai eu un maître
Mauvais, Sadique, Violent, froid
Une mère pour me donner la force
Sur son épaule tel le lit d'une rivière
Ou je laissais la crue déborder mes yeux
Un maître pour saper mes espoirs
A sa cour, bel objet silencieux
Ne chantant que sur commande

Aussi loin que je me souvienne
J'ai eu un mentor.
Jour après jour il m'enseigna.
Le chant, le coeur, le pouvoir
La liberté, la ténacité, la volonté
Pour qu'un jour j'aie la force de m'envoler
Pour qu'un joue je brise mes chaines
Oh toi mon professeur, je te dédie mes voyages
Je t'enverrai chaque chant
Chaque joie, chaque larme, chaque bonheur ou durs instants
Car quel que soit ce qui remplira ma vie, chaque chemin sera libre
Aussi loin que je me souvienne
On m'a parlé de liberté
Jusqu'à ce que j'en aie une telle soif
Que j'aie la volonté de l'étancher.

La jeune fille déposa un buvard sur la toute première page de son carnet de route, souriante, une fois le poème fini d'être écrit au propre. Elle n'avais pas le sous, portait des vêtements élimés qu'elle avait volé, n'avait pour elle que sa voix et une ridicule dague qu'elle savait à peine manier... et commençait un long voyage, sans rien, juste sa voix, son sac, un livre vierge et une plume.
Et pourtant, un sourire radieux éclairait son visage mat. Car elle était libre à présent. Seuls témoins des années passées, les deux bracelets de fers qui avaient tenu ses chaines pendant des années. Quand le papier absorbant eut aspiré l'encre en surplus, ne laissant qu'une écriture sèche, fine et raffinée, Maraya reprit sa plume pour commencer son tout premier récit qui ne lui eut été dicté.

Les premières années de ma vie furent déjà dures. Je me souviens de ma mère, je me souviens des chaines qu'elle portait déjà et des coups que les hommes de son maître me donnaient, sans que jamais je n'en compris la raison. Mais j'étais avec ma mère et c'était tout ce qu m'importait, à cet âge. Dans les sombres cuisines où elle travaillait, ne mangeant jamais aussi bien qu'elle ne cuisinait, elle réussissait toujours à dérober un petit quelque chose pour moi.
C'est de ce point de vue la que je connus d'abord Chateau Zenthil.
Et puis... que sais-je... nôtre propriétaire du manquer d'argent... ou alors il s'agissait encore d'une punition sadique envers ma mère. Une de ces punition humiliante, dégradante et cruelles dont il avait le secret.
Je fus donc séparée de ma mère. Je me souviens encore de ses cris déchirants et des larmes qui me brulaient les yeux alors que nôtre maitre narguait ma mère... en lui disant quelle belle enfant j'étais, que j'avais un avenir prometteur et que de riches seigneur voudraient sans doute me voir grandir auprès d'eux. Ma mère dut être maîtrisée par ses gardes tandis qu'il tenait ses propos. Quant-à moi... je ne pu faire autre chose que pleurer tandis qu'on m'emmenait sur le marché.



Maraya posa sa plume, laissant l'encre sécher tandis qu'elle exorcisait ces souvenirs. La jeune fille chassa une larme de sa joue, tandis qu'elle se remémorait le marché aux esclaves.

Je tremblais de tous mes membres alors que je découvrais les rues de Chateau Zentil pour la première fois... du haut d'une estrade du marché. D'autres groupes étaient rassemblés, enchainés, sur des estrades voisines, chacun visiblement rassemblant des qualités telles que la force, la beauté ou encore le savoir faire...
Sur mon estrade, il ne demeurait que des enfants.
Beaucoup furent emmenés avant moi.... les plus robustes furent emmenés par un prêtre de Baine, qui cherchait "du sang neuf pour le temple" d'autres finirent chez divers artisans, marchands... ou encore seigneurs aux désirs peu avouables. Jusqu'à ce qu'un étrange duo se présente devant le marchand. Nous n'étions plus que trois... une fille qui allait dans les dix ans, assez jolie, déjà observée par une effrayante dame vêtue de blanc, qui portait, j'en aurais juré, une courone d'épines sous sa capuche, un petit garçon de mon âge, dont le nez coulait... et moi.
Le premier des deux hommes m'effrayait. Grand, vêtu d'une armure noire, la cape de la même couleur, bordée de vert... a qui le compagnon, vêtu richement et élégamment, donnait du "seigneur". Je l'ignorais, mais ainsi je faisais ma première rencontre avec mon mentor, l'homme qui allait me donner l'occasion de changer ma destinée.
J'ignore pourquoi je fus choisie, mais le seigneur, visiblement, s'amusait de la situation et son suivant, son barde personnel, compris-je, paraissait embarrassé, gêné, révolté... mais il le cachait bien et, me tenant par l'épaule, il m'emmena à la suite du sombre chevalier vers sa demeure.


Maraya posa à nouveau le buvard sur la page noircie par son écriture avant de poursuivre son récit.


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MessageSujet: Re: Maraya, le vent de l'été bg validé   Maraya, le vent de l'été bg validé EmptyVen 12 Mar - 2:57

Les années qui suivirent furent hautes en couleur. Mon mentor, Casorn, me tint soigneusement à l'écart de son seigneur, de ses gardes et autres esclaves. Il m'enseigna, de son mieux... en m'expliquant que tout ce que je pourrais apprendre serait autant d'armes contre ma condition. Le savoir était, selon lui, une forme de pouvoir qui pouvait sauver des vies. Son instruction fut sévère, mais ce fut certainement l'être qui me traita avec le plus de bonté et de justesse.
Les leçons avaient toujours lieux dans son étude close, dont je le soupçonnais de l'avoir insonorisée.
Le seigneur lui avait commandé un successeur... c'était la raison de ma présence. Il désirait un scribe et un bel objet à montrer, qui jouerait à ses invités les morceaux de musique de son choix. C'était aussi la conséquence d'un pari: que n'importe quel enfant intelligent, qu'on l'aurait laissé former, pourrait tenir une place dont Casorn ne voulait plus. Le barde, d'âge mur, qui ne souhaitait rien d'autre que de se retirer avec son épouse et ses enfants, se voyait donc contraint de former une esclave... de fabriquer un bel oiseau qui demeurerait en cage jusqu'à ce que ses charmes se fanent et qu'on la relègue à des tâches ingrates.
Mais le barde avait une autre idée en tête. Il m'enseigna la musique, oui, l'écriture, un peu de philosophie, d'histoire, des mathématiques... et tout ce qu'il avait en tête, tout ce qu'il estimait utile! Cependant il m'observait toujours de cet air distant, comme attendant quelque chose.
Je prenais un réel plaisir à apprendre. Cette soif que j'ai à présent, impossible à contenter, me vient de cette période. Je pris gout à la musique, également, et me laissai bercer par les histoires du bardes, à propos des pouvoirs innés possédés par ces gens, que Casorn avait appris à maîtriser au fil du temps.
Le pouvoir vient du coeur, me disait-il. Si j'étais capable de charmer la toile par mon art, si mon coeur trouvait le chemin du pouvoir, tellement de "si"... si je pouvais charmer la toile, beaucoup de choses seraient possibles.
Il ne me montra pas le chemin... il ne fit que me parler de ses capacités, me faire écouter ses chants de pouvoirs. Ceux qui gonflaient de courage le coeur des alliés, ceux qui maudissaient, et les sorts qu'il pouvait utiliser à travers son art. J'étais émerveillée par tout ce qu'il me montrait. Et combien je comprenais cet homme dont le seul pouvoir s'exprimait grâce à son art... la musique étant la seule manière que je trouvai pour m'exprimer.


Encore une fois, la jeune fille à la peau mate laissa sa plume, regardant au dehors par la fenêtre... tout cela lui semblait si loin désormais. Si loin... Elle posa le regard sur le violon qu'elle conservait précieusement avant de reprendre son texte.

Maître Casorn et son violon... Il me fit apprendre deux instruments, en plus du chant. C'était un homme sévère. Juste... mais ô combien exigeant! Selon lui, le Luth convenait pour les ballades et les chants légers, conviviaux. Le violon, instrument noble, pour les cours et les bonnes compagnies. Le chant lui, pouvait être acceptable en toute circonstance, à condition de travailler la voix.
Le langage musical, ses nuances, modulations, sa théorie et son histoire me bercèrent pendant des années. Et j'aimais ça. Je répétais chaque exercice avec passion, me passionnai pour chaque pièce, y cherchant ce qui, en moi, demandait à sortir, quelle émotion je voulais faire passer. Mon coeur s'accordait aux notes, ou plutôt accordais-je les notes à mon âme! Sentir un instrument entre mes mains, ou laisser ma voix s'élever, cela m'était devenu aussi vital que de manger ou boire. J'avais besoin de musique; sentir mon coeur s'élever et oublier un peu ma condition, me sentir libre avant de me rappeler les chaines que je portais, c'était pour moi ce que j'avais de plus précieux, le seul bien que je possédais, moi qui ne m'appartenais même pas!
Un peu d'évasion, échapper, même si ce n'était qu'une illusion, à l'esclavage. Combien, parmi mes frères d'infortune, avaient cette chance?

Le seigneur commençait à réclamer ma présence alors que j'arrivais peu à peu à faire chanter mes instruments, à laisser courir ma voix au fil de mes émotions dans un manège harmonieux, ou légèrement piquant et discordant, selon mon humeur. Il m'exposait, richement vêtue, à ses invités, et je chantais... plutôt que de recevoir le fouet ou de crever de faim, mon sort était relativement doux, car il me fallait demeurer présentable; tant que j'étais utile ainsi, le seigneur prendrait soin de moi. Le sombre chevalier ne perdait jamais une occasion de me rabaisser, mais ce n'étaient que mauvais moments à passer et, en fin de compte, je n'ai que peu de cicatrices dans le dos datant de cette période.

Mais un esclave n'est pas fait pour être heureux... ces choses prirent fin en même temps que mon maître perdit la grâce des siens et dut fuir, emportant ses biens les plus précieux. J'aurais du me sentir honorée de faire partie des premier bagages bouclés, mais mon coeur avait espéré être oublié, pour avoir une occasion de m'enfuir.


Passant une main sur ses cheveux, l'esclave en fuite s'interrompit une dernière fois, épuisée, laissa la plume sur le bureau, près du livre ouvert... et s'écroula sur la couche de la chambrette, dans l'auberge ou elle se reposait en attendant le jour.
La fuite de son maître de Chateau Zenthil lui revint en mémoire douloureusement. Des semaines attachée dans un chariot, régulièrement nourrie, mais châtiée au premier mot de trop, au premier mouvement trop brusque pour les nerfs de son maître... ou dès que celui-ci, de rage, se mettait à maltraiter tout ce qui tombait sous sa main pour évacuer ses frustrations.
Enfouissant sa tête dans ses bras, le dos secoué de sanglots, mordant son oreiller pour ne pas hurler, Maraya se dit "Pourquoi tu pleure encore, idiote! Il est loin, c'est fini, il ne te fera plus de mal!"
Plus que la douleur, c'étaient les humiliations et sa condition brusquement rappelée à la jeune fille qui l'avaient fait souffrir.


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MessageSujet: Re: Maraya, le vent de l'été bg validé   Maraya, le vent de l'été bg validé EmptyVen 12 Mar - 13:58

Le Calimshan.


Douce joie de sentir ses pieds
Dans la fatigue du chemin
Même si blessés et malmenés
Marchant vers le lointain

Nord ou sud, où vais-je
Dans une étrange félicité
Je voudrais courir, danser
Est ou Ouest, me perdrais-je

Douce fatigue que de s'écrouler
Quand le labeur fut un choix
Même si je demeure épuisée
La liberté me donne la foi

Nord ou sud, ou vais-je
Demeurant une étrangère
Me présenter, devrais-je
Est ou Ouest, au hasard j'erre

Douces rencontres celles de la chance
Sans m'écraser, échanger verbes
Même si toujours je courtise la prudence
Il est bon d'avoir quelque chose à perdre


Mon rêve prit naissance au Calimshan, la contrée ou mon maître se cacha. Sa richesse lui permit de mener la belle vie. J'approchai de mes douze ans... ce Sombre Chevalier m'effrayais de plus en plus. Mes formes naissantes attiraient son regard, distraitement, mais je savais que j'allais arriver à un age ou je risquais bien plus que de jouer le beau bibelot chantant. J'avais peur... terriblement peur. Les autres esclaves racontaient des choses terribles, se poussant du coude en m'observant. Je connaissais leur jalousie et savais pertinemment qu'elles exagéraient pour m'effrayer, basse vengeance envers une privilégiée au sein de leur caste.
Cependant, je dissimulai soigneusement, dès le jour de mes premières règles, le fait que mon corps arrivait à maturité.
Je ne sais comment cela se fit, mais Casorn du remarquer un changement en moi. Et il se fit plus sec, plus pressant à chaque leçon, m'invectivant à la moindre erreur. Je ne compris pas pourquoi cet homme qui fut mon seul ami, mon confident, presque un père, se changeait soudain en tyran effrayant. Et puis un jour... ou mon maître avait failli découvrir le pot aux roses, que j'étais désormais en âge de lui donner d'autres plaisirs que ceux de l'oreille, Casorn me prit à part dans son étude, prétextant une leçon supplémentaire,
Me saisissant par les bras, il me secoua comme un prunier une fois à l'abri des regards. Et la, mon ami me parla comme jamais il ne l'avait fait. Dans ses yeux je voyais l'inquiétude, mais aussi un amour presque paternel. Cela, mêlé à sa soudaine agressivité, me fit monter les larmes aux yeux. Je n'oublierai jamais ces mots... ces mots qui changèrent tout en moi, me firent prendre conscience que j'avais autant de valeur qu'un autre, que, comme chaque être humain, j'avais, en moi, une chose unique qui déterminait mon identité... un concept étrange, pour une esclave.

"Maraya, bon sang, quand vas-tu te réveiller? Tu dois laisser s'exprimer ton coeur, tu dois le laisser s'écouler au sein des notes que tu joue. J'ai ressenti ton pouvoir, il existe, Maraya! Il est présent, en toi... tu es capable de te libérer, de gagner, grâce à tes pouvoirs, ce qui te reviens de droit! Il faut juste que tu le laisse s'exprimer. Cesse d'ânonner les notes et laisse tes émotions exploser en chaque note, en chaque chant!"

Je ne compris pas, d'abord, de quoi il parlait, moi qui avait toujours laissé parler mon coeur dans la musique. J'étais bouleversée, je lui disais que je faisais de mon mieux, que je faisais vraiment tout ce que je pouvais. Ses histoires m'avaient transportées et, je savais, inconsciemment, que quelque chose, en moi, ce pouvoir du coeur dont il parlait, cherchait le chemin pour s'échapper de moi-même.
Mais j'avais peur. J'étais faible. Du moins je le pensais sincèrement.


La jeune barde reposa sa plume pour poser, encore une fois, le papier buvard sur la page afin de sécher l'encre. Se levant pour aller à la fenêtre, alors que les premières lueurs de l'aube pointaient leur nez à l'horizon, la jeune fille ouvrit son étuis à violon.
L'objet était de qualité, d'une grande valeur. Le dernier cadeau de Casorn lorsqu'elle avait fuit. Maraya saisit l'instrument, ainsi que l'archet. Fermant les yeux, elle tira une note, claire et pure, laissant son coeur parler dans la note, s'élever en même temps. Une douce lumière envahit alors la pièce baignée dans la pénombre de l'aurore. Avec un sourire nostalgique, la jeune fille reprit sa plume laissant le souvenir que lui inspirait ce sort tout simple s'évader sur le papier...

Il faisait sombre dans l'étude de Casorn. Le barde avait fermé les volets, soufflé toutes les bougies et m'avait dit "joue moi ce qui est inscrit sur la partition devant toi." Bien sûr, je ne savais la lire dans l'obscurité. "Laisse la lumière venir de ton coeur" avait-il ajouté avant de me laisser seule dans son étude. J'étais enfermée, dans le noir, j'avais peur. Pour me rassurer, je pris mon luth pour jouer une douce ballade. La pièce, toute simple, avait toujours le don de me rassurer lorsque je la jouais. C'était une de mes préférée, une de celles qui me procurait un de ces précieux moments d'évasion.
Et pourtant, presque paralysée par la peur, la peur d'échouer et de rester dans le noir, je cédais presque à la terreur... car je savais que Casorn ne m'ouvrirait pas avant de voir une lueur filtrer sous la porte et d'entendre l'air de la partition laissée à mon intention. C'était un mentor sévère. Chaque instant de paix et de bonheur avec lui, j'avais du le mériter. Et depuis quelques temps, il me poussait dans mes derniers retranchements, pour me pousser à laisser sortir de mon coeur ce que je gardais enfermé... plus qu'une émotion dans la musique, il fallait que ma musique devienne émotion. Mon esprit le savait, mais mon coeur, mon âme s'y refusaient encore.
Comme à chaque fois, je ressentais ce léger frémissement dans mon être, quand je jouais. Comme si quelque chose, en moi, tentait de s'échapper. Mais comme chaque fois, le poids de mes chaines sur mes poignets, qui pesaient bien plus sur mon âme encore, laissait ce frémissement s'éteindre.
Combien de larmes ais-je versée ce jour la... et toute la nuit, alors que la porte demeurait désespérément close malgré mes appels, mes suppliques. Je le trouvai cruel alors. Mon seul ami, la seule personne pour qui j'avais un peu de valeur, non pour mes qualités d'esclave, mais pour moi-même, me semblait être un traitre. Alors je jouai... je jouai pour tromper ma solitude, ma peur et ma colère. Jusqu'à m'en écorcher les doigts sur les cordes, suivant celles-ci au seul toucher pour oublier l'obscurité.
Les heures se succédaient et j'étais épuisée, affamée.
Et revint ce frémissement. Je m'y accrochai. Désespérément, ce petit chose qui se débattait dans mon coeur, j'essayai de le bercer, de le guider au travers des notes. La gorge serrée je tentai de pousser ma voix, enrouée par les larmes et un désespoir trop cruel pour l'enfant que j'étais encore. Le frémissement prit une forme plus précise dans mon esprit, dans mon âme toute entière. Je fermai les yeux, au comble de la révolte sur ma condition, et ma voix s'éleva.
Je ne compris pas bien alors, ce qu'il se passait. C'était comme un rêve.
La lumière fut. Je sentais en moi le pouvoir grandir jusqu'à s'extérioriser. La petite boule de lumière, telle un ange venu me bercer perça l'obscurité. J'étais exténuée par ce simple sort, le premier que j'eu jamais lancé. Tremblant, je posai alors les yeux sur la partition et jouai les premières notes de la pièce, une morceau tout simple, que j'aurais pu jouer à mes débuts tellement il était facile!
La porte de l'étude s'ouvrit alors et je jetai mon instrument pour me jeter sur Casorn. Mes petits poings martelant sa poitrine, le traitant de tous les noms, bouleversée. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, j'en étais incapable alors. Mon mentor eut alors un geste que personne n'avais esquissé depuis ma séparation avec ma mère. Il me serra dans ses bras, avec la tendresse d'un père, fermant la porte pour que cette scène ne soit pas surprise. Le vieil homme me calma comme il le put.
J'avais mérité cet instant. C'est tout ce qu'il me dit avant de me laisser aller manger quelque chose et me reposer.


Maraya s'autorisa un mince sourire... cette scène avait été le départ de tout. Le commencement de la magie dans la musique, un secret partagé, quelque chose que son maître ignorait et qui avait tellement, tellement de valeur! Le commencement d'une réelle complicité avec Casorn. La où les leçons avaient pris un tout autre sens. Et ou le danger, un danger réel, avait fait son entrée dans la vie des deux bardes.
Car le maître avait toujours interdit à Casorn d'enseigner la magie bardique à la jeune fille. Si cela se savait, cela aurait signifié leur mort à tous les deux. Le maître voulait un bel objet doublé d'un scribe compétent... pas ce qu'il considérait comme une boule de feu à retardement dans sa demeure! Et la jeune fille savait que son mentor avait tenté de convaincre le maître qu'en tant que barde complète, sa jeune élève pourrait le servir et acquérir une toute autre valeur. Mais le Sombre Chevalier trouvait cela trop dangereux.
Et il avait raison.


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MessageSujet: Re: Maraya, le vent de l'été bg validé   Maraya, le vent de l'été bg validé EmptyVen 12 Mar - 14:58

Rien qu'au souvenir de la suite des événements, des trois dernières années qu'elle avait passée auprès de Casorn, sous la tutelle malsaine et dominatrice de son maître, la main de la jeune fille se mit à trembler au point que la plume lui échappa des doigts. La lueur de son chant de lumière n'avait plus de réelle force, alors que le soleil avait chassé la semi obscurité du petit matin. Mais elle vivait encore dans son âme, comme chacun de ses chants, guidant la plume sur la dernière ligne droite de son récit.

La suite, je la vivais dans une peur continuelle d'être surprise, que mes pouvoirs naissants soient découverts. Car je ne maîtrisais plus rien. L'éveil de la magie, en moi, avait enclenché un engrenage qui m'émerveillait tout en me terrifiant. Je ne maîtrisais rien. Mon coeur semblait appeler des forces que je ne comprenais pas. Chaque note, chantée ou jouée, devenaient un supplice lorsque je jouais pour mon maître et, pire, en public. Je craignais de laisser échapper le pouvoir. je commençai à transporter mon auditoire d'une manière surnaturelle a chaque chant, les charmant.
Heureusement, le maître, le Sombre Chevalier, n'avait aucune connaissance en magie et ne se douta de rien. Il interprétait cela comme l'épanouissement de mon talent, talent soumis à sa volonté, se disant qu'il était normal de s'émerveiller devant une pièce bien jouée. Autre terreur, mes formes s'affirmant au fil des mois le laissaient rêveur, et je devinai un appétit en lui qui me laissait sans force. Chaque soir, je pleurai, priant qu'il me laisse en paix, priant de le satisfaire de mes chants et qu'il n'exige rien d'autre. Casorn, pour qui mes efforts méritaient réconfort, tentait de m'apaiser, jour après jour.
Même quand, sans le vouloir, mes chants de malheur le laissaient sans force, blessaient ses oreilles. Même quand, effrayée qu'il me désira aussi, la force d'un son le projeta a l'autre bout de son étude, renversant livres et instruments. Le vieux barde préférait que ma frustration s'exprime au secret, à l'abri des regards et des oreilles indiscrète, qu'en public, où le maître m'aurait tuée séance tenante.
Plus j'avais peur, plus j'étais en colère, plus j'espérais et plus le pouvoir, incontrôlable, s'exprimait par mes chants. J'y ajoutais, petit à petit, des rythmes appris par ma mère, lorsque j'étais enfant, me transportant dans des jungles lointaines que je ne pouvais qu'imaginer. Evoquant des danses autour des feux, la nuit, des rites d'un peuple que je n'avais connu qu'au travers des histoires de ma mère, entonnant des mélodies étranges, parfois un peu brutales, mais chantantes, toutes en émotion, devinant une sagesse méconnue d'un peuple souvent qualifié de sauvage.
Casorn commença alors à me parler de partir. Il craignait pour nos vies à tous les deux, me contant, chaque jour, que j'étais prête, que je méritais à présent ma liberté, pour tous les efforts que j'avais fournis. Le barde m'avouai que ma fuite serait également pour lui une vengeance sur le Maître. Je ne lui en voulais pas; si sa vengeance me permettait de briser mes chaines, alors, qu'il m'ait formé, au départ, pour des buts égoïstes, m'importait peu. Casorn m'aimait comme un père, chose que j'avais sentie depuis longtemps. Je savais, au fond de mon âme, que ses motivations à mon égard avaient changé, et ce depuis des années. Etait-ce le fait qu'il avait vu la puissance en moi, ma détermination, ma soif d'apprendre qui trouvait, en lui, un écho venu de sa propre jeunesse? Ou alors s'était-il simplement attaché à moi?
Toujours est-il qu'il m'offrit son propre violon. Un instrument magnifique, qui lui avait couté des milliers de pièces d'or! Ce faisant, il m'appela "ma fille". Il me dit qu'il avait annoncé au maître que ma formation était terminée, que je devrais m'en sortir seule, qu'il partait retrouver sa femme et ses enfants, la où il les avaient envoyés se cacher, au nord de la cote des épées.
Les adieux furent déchirants. Je pleurai toutes les larmes de mon corps en le suppliant de rester. J'avais tant à apprendre de lui encore. Mais, d'une vois enrouée que je ne lui avais jamais entendue, il m'incita au calme. Les mots lui coutaient, je le sentais. Il me dit que je n'étais plus une enfant et que je devrais désormais m'en sortir seule. Qu'en m'appuyant sur lui, je me complaisait dans sa protection et dans ma captivité. Si je voulais être libre, je devais le devenir seule.


Maraya reposa le buvard sur la page et enfouit la tête dans ses bras pour fondre en larmes. Casorn demeurerait toujours un père pour elle. Le savoir si loin d'elle, alors qu'elle aurait tellement aimé voir, dans son regard, la petite note de fierté qu'elle avait guettée au moindre de ses progrès, lorsqu'elle avait réussi à s'enfuir...
Jamais elle ne la verrait, cette note exquise, qui lui aurait, elle en était certaine, inspiré le plus merveilleux des chants qu'une fille pourrait jamais écrire pour son père. Et pourtant quel cadeau lui avait-il fait en partant! Car sans cela, jamais elle n'aurait été assez désespérée pour partir, et la jeune fille savait, s'arrachant cette vérité de l'âme, qu'elle aurait craint de le laisser derrière, en proie à la fureur du maître, esclave à jamais du contrat qui le liait au Sombre Chevalier tant qu'il n'aurait pas laissé un successeur à sa cour.

Vint le jour ou le Maître, un être bien seul et bien cruel, me fit emmener dans sa chambre pour exiger de moi ce que je redoutai le plus au monde. Tentant de paraître rassurant pour n'avoir de moi qu'une faible résistance, il m'ordonna de jouer. Et je jouai, sans protester, la peur me déchirant le ventre. Mes mains ne tremblaient pas sur les cordes, mais tout mon être frémissait. J'obéissais, continuant de jouer alors qu'il se rapprochait de moi.
Lorsqu'il posa une main sur mon bras, une de ces incontrôlables manifestations de magie se produisit. Il fut projeté par une note que je chantai sans réfléchir, une note puissante, qui dut résonner dans tout son palais. Tombant sur un des poufs qui meublaient la chambre, devant sa couche, il se cogna, dans sa chute, la tête contre le coin d'un meuble.
Dans ma rage, je saisit le premier objet coupant tombé sous ma main pour le plonger dans sa gorge. Le sang coula à flots, inondant mes mains du liquide vital. Dans un instant que je ne pourrai jamais définir, stupeur ou félicité morbide, devant le spectacle de mon tortionnaire enfin à terre, je demeurai, interdite, immobile, paralysée.
Et puis je me réveillai. Saisissant le violon de Casorn, je le rangeai dans son étuis et prit mes jambes à mon cou.
Je volai des vêtements pour passer inaperçue, ce que je n'aurait pu faire, enveloppée dans les voiles vaporeux que mon maître appréciait, depuis qu'il se faisait aux moeurs de la région; dans ma tenue voyante d'esclave. Je courrai pendant des heures, prenant à peine le temps de laver le sang sur mes mains.
Cela fait trois mois aujourd'hui que je fuis vers le nord, la peur au ventre. J'ai l'impression que je ne serai jamais assez loin. Chaque ombre me fait sursauter, chaque garde m'emplis de peur même si j'ai réussis à casser les anneaux de mes chaines. Il me reste les bracelets de fer aux poignets. Je n'ose demander à un forgeron de me les enlever. J'ai tenté de forcer les serrures, mais je n'ai réussi qu'à les abimer et à les bloquer plus encore.
Ces bracelets, ressemblant presque à des bijoux - il fallait que je sois présentable - sont les dernier témoins physiques de mon esclavage, si personne ne va voir les marques dans mon dos, ainsi que les tatouages que je porte. J'espère trouver quelqu'un en qui je puisse faire confiance, qui m'aidera à m'en débarrasser. Mais pour cela, il faut que je sois suffisamment éloignée pour que personne ne craigne la colère des proches du Maître. Je ne pourrai faire confiance à personne tant que cela ne pourra être.
Ici s'arrête le récit de ma fuite. J'ai joué, chanté, pour survivre et gagner la protections des caravanes que j'ai accompagnées. Dans cette grande ville ou je me repose pour la première fois, on m'a parlé d'un navire qui, dit-on, traversera l'océan vers une terre méconnue.
Peut-être est-ce la ma chance.
Tymora, je m'en remet à ma bonne étoile.

Je suis libre et je le demeurerai!


Séchant une dernière fois l'encre dans le livre, qui ne comptait qu'une vingtaine de pages noircies par l'encre et les croquis au fusain, Maraya rassembla ses maigres possessions, posa son chapeau sur sa tête et fila vers le port, où elle pourrait embarquer vers sa liberté durement gagnée.
La jeune barde, découvrant qu'il était difficile de s'appartenir à soi-même, de survivre seule, mais goutant chaque instant, si difficile soit-il, jouerait pendant les mois que dureraient la traversée, pour gagner son voyage. Aussi, Maraya trouverait, du moins l'espérait-elle, de l'autre côté, de quoi assouvir sa curiosité et sa soif de chants, d'histoires nouvelles.

Est-ce vraiment la fin de mon récit? Pensa le jeune fille... Je découvre mon pouvoir, je découvre la vraie vie. Non. Il s'agit plutôt du début du l'histoire.


(merci de votre lecture et de votre patience)
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elric26
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MessageSujet: Re: Maraya, le vent de l'été bg validé   Maraya, le vent de l'été bg validé EmptySam 13 Mar - 14:36

Un régal d'ecrit bravo
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So

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MessageSujet: Re: Maraya, le vent de l'été bg validé   Maraya, le vent de l'été bg validé EmptyVen 19 Mar - 16:04

(merci beaucoup. Le livre de Maraya continue, bien sûr, ici.)
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