Otto
Certains auront, de la charge de minotaures contenue par le capitaine Bastor, le lieutenant Grugnor et le haut prêtre de Tempus, Otto... une image poétique et héroïque...
Le sang répandant quelques gouttes sur le tapis blanc et immaculé de neige recouvrant les lieux... les trois hommes faisant front avec la milice, dans un ralentit silencieux, sans un cri...
Non.
L'action fut fulgurante. La neige s'était depuis longtemps changée en boue noirâtre dans les rues de Port Embria. Et les défenseurs de la cité n'avaient plus en tête qu'une sinistre résolution. Quand les trois hommes chargèrent, c'était pour aller jusqu'au bout, quitte à y rester, mais debout, arme au poing, en emportant le plus d'ennemis possibles.
Cependant, certains pourraient jurer avoir entendu la voix d'Otto, peut-être moins enjouée que d'habitude, mais toujours aussi déterminée dire "Ouais, c'est ça, l'esprit!" tout en serrant fermement le manche de sa hache.
Les minotaures tombaient.... ils allaient comprendre de quel bois se chauffaient les défenseurs de Port Embria et les Tempussiens. Une tête, un bras... un torse percé... les énormes bêtes se retrouvaient au sol, tombés comme des mouches!
Mais ils n'étaient pas les seuls à en baver...
Un milicien... deux... trois...
Et parmis les trois meneurs...
Un mauvais coup vous fait tout à cou reprendre conscience que vous êtes mortel, mais cela n'a aucune importance, dans la fièvre du combat. Vous continuez à donner de la hache, tel un bucheron dans une foret de bras, de jambes et de métal.
Un second coup... vous ne pensez pas encore à la perte de sang, enfiévré que vous êtes, déterminé à en faire tomber un de plus, et puis un autre, et puis un autre... il ne demeure rien devant vous sinon un autre ennemi, puis cinq, puis dix... quand vont-ils comprendre que vous ne renoncerez pas?
Un cri résonne "TEMPUUUUS!"
Une prière en fait. Sans doute le Seigneur des battaille porte-t-il son regard sur ce lieux comme celui des innombrables batailles partout dans le monde.
Un troisième coup... la perte de sang se fait sentir, les mouvements commencent à devenir pénibles, douloureux... à chaque parade, vous imaginez vôtre arme arrachée de vos mains, alors vous serrez le manche, ... peu importe ce qu'il va arriver, tant que vous pouvez en emporter encore dans la mort! Vous ne regardez pas vos blessures, ce ne serait que détourner le regard du plus important: le combat en cours.
Un quatrième coup... un juron et le responsable tombe, la tête tranchée, ce qu'il a fait mal celui la, il savait ou frapper, par les couilles de tous les dieux noirs! Vous êtes déjà mort et vous le savez. Un regard vers le ciel, le temps semble s'arrêter une seconde.
Ce qu'il est beau ce ciel... et autour de vous les cris continuent et vous continuez le combat... l'air même semble se teindre d'écarlate. Quelque chose de chaud coule abondamment de la dernière blessure... vôtre vue se brouille.
Les coups que vous portez n'en deviennent pas désordonnés, toujours aussi mortels, moins fréquents peut-être...
Vous ne comptez plus les blessures reçues, pas plus que celles donnée... Peut-être un dernier cri "57 Bastor, égale un peu ça, Gamin!"
L'a-t-il entendu?
Aucune importance...
Peut-être les ennemis s'écartent-il d'un homme qui, blessé à mort, continue à frapper en attendant que son coeur s'arrête de battre, impressionnés, effrayés peut-être. Mais cela ne dure pas... il faut abattre celui qui est si dangereux car il n'a même plus sa vie à perdre!
Ouais... c'est ça, l'esprit!