Kyrionn Zad Elban Sexe : MâleAge : 120 ansClasse : RôdeurAlignement : Race : DrowHistoire :Je suis Kyrionn, troisième mâle noble de la puissante Maison Zad Elban, Première Maison de la Cité d’Ab Kobal. Ce rang est à moi, j’ai agi et souffert pour l’avoir, je l’ai mérité et je ne regrette rien de ce que j’ai pu faire pour l’obtenir. C’est en tout cas ce qu’il faut que je me répète de temps en temps pour ne pas oublier qui je suis, même s’il semblerait que je ne sois plus grand-chose... Iblith !
Mais comment en suis-je arrivé là, alors que tout me réussissait, il y a trois ans encore ? J’ai pourtant réalisé une carrière exemplaire ! Bon, être un rejeton mâle d’une grande prêtresse de la Première maison rend les choses un peu plus faciles que lorsqu’on est issu d’une servante de la Huitième Maison, c’est sûr. Déjà, ma place au Melee Maghtere était toute réservée, ma Yathtallar de mère y avait veillé, puisque j’étais sensé faire partie de sa garde rapprochée, à terme. C’est ça, quand on devient une Fille de Lolth en vue, que l’on souhaite intégrer l’Octave du Venin, que l’on murmure à travers la Cité que l’on pourrait devenir une Valsharess, eh bien on a tout intérêt à protéger son sublime postérieur des envieuses, en général en rassemblant des mâles de confiance, ses amants et ses fils, la plupart du temps.
Ma chère mère (qui détestait que je l’appelle ainsi) m’avait donc orienté vers le métier des armes, tout en me poussant à choisir la dure voie des Colbagaruken, ou éclaireurs. Tandis que ma chère sœur Velkynia suivait sagement la voie tracée par notre mère, j’apprenais l’art de l’éclairage et de la reconnaissance, le suivi des pistes et la cartographie, ainsi que les dangers de l’Ombreterre et ses trésors cachés. Je dois bien dire que j’ai failli y laisser ma jolie peau obsidienne plusieurs fois, mais la chance m’a sourit. Nos instructeurs avaient droit à un certain pourcentage de pertes, mais de préférence pas parmi les rejetons des Maisons Nobles ! Ce qui n’a pas empêché deux jeunes crétins de la Maison Hlaund de se faire découper sous mes yeux par une ombre des roches avant que nous n’ayons pu dégommer cette saleté. Note : l’ombre des roches n’est pas sensible à tous les poisons, ou alors pas aux poisons Hlaunds.
J’ai fêté ma majorité sur le terrain, mes 88 ans… Bon sang, j’aurais dû faire une célébration orgiaque dans un des établissements à la mode de la Cité, j’aurais dépensé mes obsidiennes sans compter pour qu’on finisse pétés comme des rothés, bourrés de Miellat de puceron hors d’âge, des familières de plaisir sur les genoux, et on aurait été vomir sur les marches du palais des Tekken d’Huiss, ça aurait été l’extase ! Au lieu de cela… du miellat de contrebande et les histoires salaces de mes compagnons éclaireurs dans une galerie humide.
C’est au retour que les choses ont commencé à bouger pour moi. Ma chère sœur était devenue Yathrin entre temps, première auxiliaire de ma chère mère qui était devenue Ilharess de ma Maison et candidate au poste de Valsharess. Tout était calculé dans leurs jolies têtes de Filles de la Tisseuse. Mère dirigeait la Cité, Sœur dirigeait la Maison et moi, je protégeais ma sœur. Comment je l’ai su ? Quand cette dernière m’a fait l’honneur de me prendre pour amant, tiens ! Quand une Fille de Lolth vous prend pour amant, elle ne le fait jamais pour vous faire plaisir. Elle le fait pour elle, et dans ce cas, Velkynia comptait sur moi pour protéger son auguste popotin et pensait que je serais davantage motivé si j’y goûtais régulièrement. Et puis ne dit-on pas "l'alurl faërbol zhah natha colbagaruk m'rann d'ssinns" ? Comme elle avait fait la même chose avec deux autres mâles de ma Maison, nous étions trois crétins à veiller sur elle de notre mieux, à nous partager sa couche et elle se sentait rassurée.
Les choses se sont gâtées il y a trois ans, maintenant. Au moment précis où Ilharess Zad Elban, ma mère, a déclaré officiellement sa candidature pour remplacer la Valsharess sortante. Il faut croire qu’elle n’était pas si sortante que cela, la Valsharess en titre, parce que sur le trajet menant de notre palais au Temple de Lolth, nous avons subit une attaque particulièrement bien organisée, qui a séparé notre groupe en deux. De mon côté, j’ai pu protéger Velkynia en la dissimulant dans les ombres, et nous avons vu notre Ilharess se replier vers le palais en laissant derrière elle les cadavres de son Géniteur et de notre Jabbuk Faer. Nous étions toujours cachés lorsque les agresseurs ont commencé à rassembler les corps des leurs pour les emporter et faire disparaître toute piste menant aux commanditaires de l’attaque. Je ne sais pas ce qui lui a pris, alors, à ma prêtresse de sœur, elle a jailli de la cachette dans sa tenue outrageusement provocante de « Fille de Lolth bien foutue et qui le sait », et a envoyé tous les sortilèges de mort qu’elle connaissait à la face des derniers agresseurs totalement éberlués. De mon côté, je ne pouvais pas faire autrement que d’éviter qu’elle se fasse tuer et j’ai lâché autant de flèches que j’ai pu vers les crétins retardataires, finissant les plus téméraires à la rapière.
Figurez-vous qu’on a gagné ! On a mis en fuite ce qui restait des agresseurs et ma sœur, toute tremblante de cet assaut spontané, a pris quelques instants pour reprendre son souffle, remettre de l’ordre dans sa tenue et ses bijoux sacrés et a pris la pose, croisant les bras sous sa poitrine en valeur et posant le talon aiguisé de sa chaussure sur le buste d’un des cadavres. Elle était superbe, il n’y avait pas de contestation possible et je dois avouer que, les sangs échauffés par le combat, j’ai caressé l’idée de l’entraîner de nouveau dans les ombres. Mais la garde de la Cité arrivait enfin, (il faut dire que la garde évite scrupuleusement d’intervenir dans des règlements de comptes entre Maisons) et le gradé présentait déjà ses respects à une Velkynia triomphante, devant le reste de l’escouade que je pouvais voir baver de désir d’où j’étais.
Vous me demanderez certainement en quoi ce triomphe était le début de la fin ? Bande de surfaciens incultes. Ma chère mère ayant fui, s’étant déshonorée en perdant deux mâles importants de sa Maison, abandonnant sa pauvre prêtresse de fille avec un Colbagaruk pour seule protection, tout l’honneur de la victoire revenait à cette fille sublime et les faveurs de la Déesse venaient de changer de bord. On commençait à murmurer que ma mère avait fait son temps, qu’elle était gonflée de prétendre devenir Valsharess alors que sa propre fille aurait fait une meilleure Ilharess, et tout ce genre de choses. Velkynia triomphante passait du stade de fille idéale pour une succession (qui n’aurait pas lieu) à rivale mortelle pour le trône de la Maison Zad Elban. Et moi, j’étais le crétin qui n’avait pas eu le bon goût de la laisser crever et de crever avec elle.
C’est ainsi qu’après quelques semaines à surveiller notre dos mutuel, nous avons été convoqués par Ilharess notre mère dans la salle du trône de la Maison. Notre Matrone, tout sourire, nous a alors annoncé qu’elle avait une grande nouvelle pour nous. En reconnaissance de la vaillance dont Velkynia avait fait preuve, la Cité lui confiait une mission de la plus grande importance. Il s’agissait de réactiver un avant-poste de surface, une ancienne colonie qui avait longtemps envoyé des esclaves venant de la Surface vers notre cité, et dont on était sans nouvelle depuis une bonne centaine de Narbondels. Mandatée par l’Octave du Venin, Velkynia prendrait le commandement de l’avant poste et serait chargée de faire un état des lieux, puis de dresser un bilan de ce qu’il faudrait pour le réactiver, sous le contrôle de notre Cité, bien entendu. Quant à moi, en tant que mâle méritant, j’étais anobli sur le champ, devenant ainsi le troisième mâle dans la hiérarchie de ma Maison, et de ce fait, je devenais digne d’escorter Velkynia jusqu’à l’avant poste.
Un putain d’exil ! Quelle plaie ! Mais mieux vaut cela que la mort par la torture non ? Moi, je trouve, en tout cas. C’est ainsi que nous avons fait notre baluchon, ma sœur abandonnant ses robes en soie d’araignée pour des tuniques guerrières à peine plus prudes, et moi tentant de penser à tous ce qui pourrait nous permettre de survivre dans l’Ombreterre. L’air presque contrarié de notre mère à notre départ me fit croire qu’elle se contenterait de cet exil. Notre petit groupe, constitué d’une dizaine d’Ilithirii qui ne manqueraient pas à la Maison, s’est ainsi engouffré dans les corridors menant à l’Ombreterre et à l’avant-poste. La désillusion est venue après douze jours de marche dans les galeries, quand un groupe de Lames Noires nous est tombé dessus. Nous nous sommes fait proprement massacrer, sauf Velkynia et moi. Cette fois-ci, elle a eu la bonne idée de ne pas jaillir de notre cachette et nous avons pu fuir, après des heures passées à ne faire aucun bruit dans les ténèbres.
Pourquoi les Lames Noires ne sont-elles pas restées pour nous trouver, me direz-vous ? Bande de surfaciens attardés. Les assassins ont fouillé tout le camp et sont tombés sur les bijoux de ma sœur, dans un coffret précieux. Plutôt que de courir le risque de pourchasser une dangereuse prêtresse qui se cache, ils ont certainement préférer prétendre à notre mère qu’ils l’avaient tuée dans l’affrontement, en exhibant l’un de ses médaillons. De toute façon, après un coup pareil, Velkynia aurait été stupide de remettre les pieds dans la Cité.
Elle n’était pas stupide, ma sœur, oh ça non. Après quelques semaines de voyage dans les ténèbres, nous sommes tombés sur une route commerciale menant à une autre Cité. Tout devenait clair, l’avant-poste avait changé de main. Il ne lui a fallu que deux heures pour mettre son plan au point et me l’expliquer. Nous allions nous faire passer pour des membres du Bregan d’Aerthe, nous joindre à un convoi et poursuivre notre mission. Tandis qu’elle partirait en direction de la Cité inconnue pour jauger ses forces et y tisser sa toile, je devais pour ma part rejoindre l’avant-poste et me mêler à ses habitants, apprendre le maximum de choses et revenir les lui dire. Elle comptait visiblement retourner en Ab Kobal, forte de toutes les informations nécessaire à notre Cité pour reprendre l’avant-poste par la force. Si elle y arrivait, ce coup d’éclat la réhabiliterait indiscutablement, lui permettant même d’évincer notre mère du pouvoir.
Et moi, j’ai dit oui. Que pouvais-je faire d’autre après tout, ça se tenait, comme plan, même si c’était tiré par les cheveux. C’est ainsi que je me suis retrouvé intégré comme simple éclaireur de base dans les escouades qui partaient vers la Surface pour des raids. C’est ainsi que j’ai foulé pour la première fois de ma vie ce monde étrange dont nous sommes issus, il paraît, ce monde sans plafond où la lumière se fait tellement intense qu’elle semble nous brûler jusqu’aux os. C’est ainsi que j’écris ces mémoires en cette nuit calme et lumineuse, allongé sur une pierre plate au dessus d’un ruisseau tranquille et que je songe à ces années passées, à mon trajet jusqu’à ce continent que les surfaciens autochtones nomment Everneige.
Alors que vais-je faire à présent ? La Surface est comme une liberté nouvelle, à laquelle mon cœur avait toujours aspiré sans savoir qu’elle existait. J’ai décidé d’explorer un peu, maintenant que mes yeux sont habitués à cette très forte luminosité que les humains appellent la Nuit. Je verrais bien ce qui peut nous être utile de ce monde, et ma chère sœur peut bien attendre encore quelques Narbondels de plus que je la retrouve dans les profondeurs de la terre. Oui, chère sœur, tu peux attendre un peu, j’ai tout un monde à connaître ici-haut et je vais prendre mon temps, si tu veux bien.